mardi 1 septembre 2009

Tour du Néouvielle : J1 - Taxe pour "surcharge bagage"

Comme l'année dernière, je vais vous présenter un nouveau "carnet de voyage", ou plutôt un "carnet de randonnée" : le tour et l'ascension du Néouvielle, en 4 jours. J'ai effectué cette sortie début août de cette année 2009, avec 6 camarades de jeu (l'année dernière, le premier récit racontait le tour du Mont Perdu).

Présentation du "Carnet de randonnée" (billet précédent)

Jour 1 : Taxe pour surcharge bagage


Pour ce périple, il a été décidé que nos deux groupes "tarbais" (ma pomme, Le basque et le grand lapin) et "toulousains" (le reste de la troupe) se retrouveraient à Arreau (65).

Côté Bigorre, Le "Basque" assure le ramassage scolaire et colle d'entrée 15 minutes de retard dans la vue à notre "groupeto". Une sorte folklore basque moins enviable que leur axoa, bérets et pelotes. Passons. Nous ne perdons pas plus de temps et traçons en direction du plateau de Lannemezan, puis descendons sur la vallée d'Aure, encoche dans le piémont pyrénéen censée nous mener jusqu'au camp de base.

A 8H00, la fusion avec le groupe des toulousains s'effectuent sans encombres dans le brave hameau ardoisé d'Arreau. Un rapide petit "cawa" aide à établir les premiers contacts entre les plus inconnus d'entre nous. Mais le temps presse et nous basculons sans trainer vers Saint-Lary Soulan puis le barrage de Cap-de-Long (2161 m), point de départ, et d'arrivée, de notre périple de 4 journées.

Le plan de bataille global pour la rando, c'est bivouac pour les trois soirs, avec deux repas "chauds" pris dans d'accueillants refuges "en dur".

Dans l'optique de "performer" un minimum, j'avais fais passer quelques jours avant le départ la consigne expliquant que le kilo était l'ennemi public numéro 1 du montagnard.

Et bien, bugs de Google ou égarement de quelques fourgons postaux numériques, il y a semble-t-il eu une perte d'information au niveau du groupe "Capitole". En effet, à la décharge des coffres, je m'aperçois que chacun de ses éléments se voit doté d'une surcharge pondérale des plus futile : qui n'a pas ses 8 paires de chaussettes, qui n'a pas ses boites de "saucisses / lentilles", qui n'a pas ses litrons de rouge. Des bardas certes riches en convivialité mais également en kilos, puisque, total TTC, les paquetages coiffent les 20 kilos.
Aussi, dès notre départ, la surprise est de taille - ou plutôt de poids. Disons que quand déjà à l'arrêt tu vacilles sous la charge et que tu mets trois secondes à trouver un équilibre satisfaisant, tu peux légitimement te demander comment s'annoncent les 4 prochaines journées.
Et pour pas aider, le soleil est éclatant et promet de nous darder de ses rayons pour la suite du périple. Sale temps pour les gros.

Mais il est temps de nous élancer et de contourner l'immense lac artificiel - d'un bleu aussi profond que ses eaux glacées - avant d'attaquer le vif du sujet. Le hors-d'œuvre est donc un chemin escarpé sur la gauche de l'édifice. Et dès les premières longueurs, un ordre naturel s'instaure dans la petite troupe. Les bigourdans mènent logiquement la danse de leur pas alerte et sous la légèreté prévenante de leur sac-à-dos, alors que les toulousains ploient sous la masse infâme de leur bagage et entament leur long chemin de croix. Après ce léger détour s'annonce la grosse difficulté de l'étape. Un col "hors catégorie" qui nous permettra de dominer le lac et d'observer la suite. Mais seulement une fois avalés les 450 mètres de dénivelé, plutôt abrupts. Le premier tiers de l'ascension est un escalier naturellement ardu, le second un enchainement de lacets serrés correctement tracés, mais seul le finish s'avère clément.

Dos au soleil, l'épreuve frise le calvaire. Mais une fois atteint l'échancrure rocailleuse de la "Hourquette" de Bugaret (2614 m), la vue est éblouissante, Cap de Long dans le rétroviseur, la prochaine vallée à avaler en face. Nous plongeons dans celle-ci avec en ligne de mire un second lac (Lac de Bugaret, 2281 m) qui accueillera la première tambouille du périple.

Une fois l'entrainante descente dévalée, c'est avec bonheur non dissimulé que nous posons les sacs, trop heureux de les délester de quelques précieuses livres de pâté, jambon, fromage et jus de raisin frelaté.

Comme le veut désormais la tradition de nos raids, le "Grand Lapin" en profite pour nous régaler de ses légendaires croque-monsieur maison, qui méritent à eux seuls l'organisation d'une telle sortie. La tablée est belle mais plus que jamais sous le soleil de Satan.

"Laurent", téméraire, se régénère dans l'eau glacial du laquet local alors que "Jéjé" soigne ses ampoules au son des jérémiades de "Muzo", logiquement insatisfait de son ratio "masse embarquée / masse motrice". L'équipe bigourdane, trop consciente des efforts à venir, reste concentrée autour d'un bon cawa réchaud-fait. Car rapidement la première difficulté de l'après-midi se présente. La vallée et les lacs qui nous ont reposés ne sont qu'une étape et le col de Rabiet (2509 m) s'annonce. Il nous permettra de visiter le refuge de Packe et de basculer dans le dernier vallon du jour.

L'ascension est finalement invisible au regard du mur bouffé le matin même. Et quel nouveau régal lorsque nous passons enfin au refuge. On aperçoit même les falaises "classées UNESCO" de Gavarnie au loin ! Celles-là même que nous avions encerclées un an auparavant.

Sur ce second col, pas de suspense, les kilos superflus plombent les performances des toulousains qui explosent sous le soleil de la Bigorre. Et chacun explose à sa manière. Pour "Jéjé", c'est carrément les pieds, pour "Peïo" c'est les chaussures.

"Grand Lapin", philosophe, distille ses fines consignes : "serrer les dents".
"Le Basque" (né quant à lui avec les dents serrées) revigore les troupes en désignant le long chemin descendant qui nous permettra d'atteindre notre terminus du jour : le refuge de la Glère (2180 m).

Et quelle délivrance, une heure plus tard, quand nous apercevons puis atteignons enfin le moderne refuge qui nous nourrira ce soir ! On arrache instantanément quelques cervoises au tenancier local pour la plus belle des récompense : celle à bulle d'une bonne bière bue sur fond de crêtes rocailleuses et de saine fatigue.

Le second service "restauration" de 20H nous presse à établir le campement. Le "Grand Sécaï" s'active et repère quelques plats en amont de la bâtisse. Ils permettront à nos guitounes "2 seconds" et autres de se déployer le temps d'une nuit. Par contre, le collègue, fatigué, ne repère pas les moustiques zélés déjà propriétaires des lieux et qui s'évertueront dès lors à transpercer nos pauvres enveloppes charnelles, y compris à travers pantalons, polos et bonnets.

Après une bonne douche - sa température glaciale vous fait néanmoins vérifier en fin de séance que nos organes génitaux n'ont pas complétement disparus -, nous trouvons réconfort avec quelques autres hôtes de l'hôtel d'altitude autour d'un copieux ragout de viande / pomme de terre. Bueno !

Levé de table, notre journée s'éteint tranquillement. La seconde s'annonce physiquement ENORME. Frontale allumée, les stratèges bigourdans envisagent quelques "plans B". A la vue de leur topo, "Laurent" se prépare à "serrer les dents". "Peïo" répare ses chaussures en voie de désagrégation. "Jéjé" crève les infâmes cloques qui déforment ses orteils. "Muzo" et ma pomme nous désaltérons d'une rasade de digestif, dégustant tout autant le magistral levée de lune qui baigne puis noie le massif du Néouvielle sous nos yeux harassés. Un quart d'heure plus tard, c'est sans heurt qu'ils se ferment pour une difficile nuit de récupération.



A suivre...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

La fidélité du récit est réllement de "poids" dans tous les sens du terme, comme nos sacs l'étaient.
Vivement les autres billets pour revivre "surchargé" de plaisir cette aventure ressourçante et pleine de méditation "bonzique"...
Peïo, dit lou mastre em landeus.
Adishatz.

Anonyme a dit…

.. et voilà dès le premier jour je me retrouve transportée un an en arrière à rire aux larmes et en imaginant le grand secaï se faire chambrer tout au long de la journée sur les moustiques ...
pour ce qui est de "ma pomme", tu as fait des progrès cette année au niveau des chaussures ;-)
que du bonheur vivement la suite ...

le sanglier du rebenty a dit…

quel plaisir de te lire canard !
idem je me suis vu l année dernière le 2 eme matin et ce denivelé de fou qui m 'avait fait décroché de la troupe des les premiers lacets "le chemin des chasseurs" etaient bien evidemment fatal pour le sanglier que je suis !

en tout cas vous vous etes régalés, pour le prochain j essaierai d etre là !

la bise

PS: c est finalement toulousain de se charger comme des mules..

Canard65 a dit…

Content de vous contenter ! J2 livré !!!