mardi 19 août 2008

Tour du Mont Perdu : J1 - Zapatos de mierda !

J1 : Zapatos de mierda !

Bizarre. Au réveil, les configurations de couchage ne sont plus les mêmes. Damien se retrouve seul dans sa chambre. Vincent a rejoint le salon. Le mystère est à ce moment-là entier.

Nous liquidons un solide petit déjeuner, bouclons les sacs, et filons attendre Guillaume, dit "Le Grand Sécaï", also known as "La Guitoune", aka "Le Grand Lapin", sur la palier de ma résidence. Et attendre encore. La Guitoune, bel endormi, nous offre un quart d'heure de retard dès le départ. A partir de ce moment, j'eus l'impression que notre périple ne fut qu'une fuite en avant visant à rattraper ce retard...

Le Grand Lapin, honteux, se croit obligé d'inaugurer le rallye Tarbes / Gavarnie, via Lourdes.

Les non-habitués appréhendent déjà mieux le personnage. Nous récupérons Laurent, dit "Lolo", dit "Le Basque", avec seulement une poignée de minutes de retard.

Après une pause « boulange », nous nous élançons en direction de Gavarnie, ou plus précisément, du parking du « Col des Tentes », au-dessus de la station de Gavarnie / Gèdre. Nous y parquons nos deux voitures pour la durée du trek.

Dernières vérifications et on se charge de nos sacs, on règle la longueur des bâtons de marche, on prépare les appareils photos, on se oint le groin de crème solaire, etc... Tiens, au passage je remarque que mes légendaires chaussures de rando Salomon donnent des signes de fatigue au niveau de l'arrière de semelles. Bon, pas bien grave, ça fait 12 ans qu'elles tiennent...

Le temps est idéal, et c'est banane au visage que nous nous élançons sans regret sur les pentes rocailleuses, et assez fréquentées en ce mois d'août, à l'assaut du premier palier : la Brèche de Roland.

L'attaque est tendre, puis se durcit progressivement jusqu'au refuge de la brèche. Un névé plus loin et nous voilà dans le courant d'air de la plus célèbre encoche pyrénéenne. Déjà, la vue panoramique est énorme et nous présente une partie du programme qui nous attend.

A partir de là, nous basculons chez nos amis ibères, et la prochaine étape nous projettera un col plus loin, vers le refuge de Goriz.

Descente dans les gravas, marche à flan un peu exposée, de rocher en rocher. Nos maîtres de montagne, Lolo et Le Grand Sécaï, distillent leurs précieux conseils, démonstration à l'appui le cas échéant.

De mon côté, l'état de mes croquenots commence à m'inquiéter un peu. Les semelles baillent grave sous le talon et leur clapotis n'est pas des plus rassurants. Un bon coup de ruban adhésif type Elastoplast devrait stabiliser la situation. Aidé de l'infirmier "Chuck", je m'applique à strapper ainsi mes godasses une première fois. Entre les godillons ainsi enturbannés et la « Quechua 2' » fixée sur le sac-à-dos, faut voir la touche « tortue-ninja » que je me tape. Bref...

Une fois le col intermédiaire atteint, nous nous offrons notre premier déjeuner gascon (saucisson, jambon, pâté...) de la randonnée. Malgré la convivialité du casse-croûte, la situation des crampons est alarmante et pourrait compromettre la suite du voyage.

On repart rapidement en direction du refuge. Au passage, on croise un isard peu farouche qui fait presque regretter au Basque de ne pas avoir pris sa gâchette. Presque car le côté un brin asthmatique du bouquetin ne fait pas rêver notre prédateur préféré.

Une heure plus tard, c'en est fini des semelles que je porte maintenant en bandoulière. J'arrive au chalet en décapotable. Le refuge de Goriz est en fait le camp de base pour attaquer le Mont Perdu côté espagnol.

J'ai le moral dans les (doubles) chaussettes. Et les hypothèses fusent : le recollage, le coup de bol, le vol à l'arraché.

Pour mettre fin au brainstorming, aidé de Dams, je confis mon désarroi au patron du refuge, qui après m'avoir proposé une inefficace colle « néoprena », m'aiguille vers le premier village espagnol susceptible de me vendre des chaussures : Torla. 3H30 de marche en descente + du bus au milieu + 4H30 en montée. Il est 14H30. Ça nous fait péter un retour impossible à 23H00 au bas mot. Frontale obligatoire. On va droit dans le mur.

Dès lors, le groupe se mobilise et propose un plan B pas piqué des hannetons : terminus, tout le monde descend au village, on y bivouaque, et le retour vers Goriz se fera le lendemain. Banco, ça dégage.

Et pour ma pomme, c'est fin de l'aprem « descente en claquettes ». Sur le coup, ça me rappelle les reportages un peu bateau de nos 13H télévisés et estivaux préférés sur le sujet des randonneurs du dimanche qui partent en baskets à l'assaut du Mont Blanc.

Ce qui sera physiquement un enfer pour tout le monde, sera visuellement un paradis. On descend plein fer dans le canyon d'Ordesa (label UNESCO s'il-vous-plait), avec cascade, pentes fleuries... Et là j'annonce, rien à envier aux ricains avec leur Arizona. Enfin je crois. Par contre, sur la fin du parcours, c'est grand public, donc en pente douce, donc très long. Pour cette première journée, on prend un bon 8 heures chrono qui devrait nous aider à dormir mieux que la nuit d'avant.

L'arrivée finale au village se fait en navette, enfin... un bus-navette. On rebondit prestement sur un troquet des plus déplaisant. L'accueil de la tenancière, ascendant « morue » y est aussi amer que la bière. Mais le but final reste l'achat des chaussures magiques, et assisté du bon goût de Alexis, dit Chuck, je passe l'ordre d'achat salvateur dans le « Deporte 2000 » local. Que la fête continue.

Le temps que « La Guitoune » nous dégote l'adresse d'un sympathique camping familial et nous voilà sous les douches réparatrices ou affairés à l'établissement de notre premier campement.

Dans la foulée, le premier pot amical du groupe nous permet de croiser nos expériences et jette les passerelles entre nos univers respectifs. Les rigolades ne tardent pas à s'enchainer, Damien arrive à se débarrasser d'une partie de sa cargaison de jaune. De bonne augure pour la suite.

Sans trop tarder, la tombée de la nuit nous pousse à partager notre premier dîner, permettent aux campeurs de centre ville de se familiariser avec le matériel : dépliage des tentes / duvets / matelas, allumage du camping-gaz, élaboration d'un Bolino, cassage d'un morceau de sucre en 2...

Mais l'orage qui éclate et dont l'épicentre est plus haut dans la montagne nous oblige à zapper le digestif pour regagner nos tanières respectives. Je partage la Quechua avec Alex, les deux grands – Lolo et le Sécaï – sont ensemble sous une canadienne « old style », alors que la passion du ronflement nocturne réunit Dam's et Vince.


Le diaporama de cette journée...



A suivre...

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